Les toxines relationnelles en entreprise | Comment assainir les échanges ?

Sommaire

La réunion débute et déjà vous ressentez une gêne. Malgré vos efforts pour fédérer vos équipes et favoriser la bonne entente, malaise et inconfort règnent autour du bureau. Pourquoi ? Des petites réflexions jaillissent comme des microbes trublions. Quotidiennes, elles biaisent la communication, fragilisent l’équilibre psychologique et mental de vos collaborateurs. John Gottman, chercheur et psychologue, identifie les comportements néfastes qu’il surnomme les quatre cavaliers de l’apocalypse. Les toxines relationnelles en entreprise, élément perturbateur que le manager doit connaître et gérer. Smyle vous entraîne dans cette chevauchée fantastique avec, à la clé, outils et solutions.

Les toxines relationnelles en entreprise | Une communication brouillée

Un collaborateur qui prend sans cesse la fuite, un voisin de bureau qui critique ses collègues et un troisième qui tient la dragée haute, ça vous parle ? Bien sûr, nous les avons tous côtoyés. Ces comportements doivent vous alerter comme des signes probatoires d’une communication faussée. Le déni, le désengagement ou à l’inverse l’idéalisation témoignent d’un manque d’alignement entre les paroles et les faits.

Une bonne gestion des toxines relationnelles traite les causes et non les conséquences, il convient donc de comprendre ces mécanismes pour en détecter les signaux et lutter contre. Proposer des méthodes antidotes permet l’acceptation du problème et le changement. À son habitude, le manager se met en métaposture et effectue le pas de côté nécessaire à l’analyse des faits.

Nous chevauchons tous, de manière situationnelle, avec ces cavaliers et dévions tous de temps en temps. Le danger et la toxicité viennent avec l’habitude et la récurrence.

Cavaliers de l’apocalypse | Les quatre comportements néfastes

Reprenant l’image biblique du Livre de l’Apocalypse, John Gottman compare les quatre attitudes nocives à des fléaux dévastateurs de relations. Si ses études portent sur les couples, les résultats s’extrapolent au monde de l’entreprise et à la communication entre collègues ou niveaux hiérarchiques.

La critique ou le blâme

Les cavaliers critiques s’attaquent à la personne et non à la conduite ou au travail rendu. Ils n’hésitent pas à utiliser le « tu » et les injonctions. Intimidation, domination, agression sont leurs armes favorites.

L’antidote ? Dissocier les individus de leur comportement, juger les faits et non les gens. Typiquement, en tant que manager, favorisez la prise de parole responsable. Proposez à vos collaborateurs de parler au « je », plutôt qu’au « tu ». Questionnez les personnes utilisant cette toxine. Par exemple : « j’entends que cette situation te déplaît, que proposes-tu ? ». Faites-le s’exprimer sur son besoin et sa demande.

Les plaintes deviennent des requêtes éclairées. La curiosité sert d’outil quotidien pour s’ouvrir aux autres.

L’attitude défensive

« Ce n’est pas moi, ce sont les autres ». Combien de fois avez-vous entendu cela au bureau ? Ces paroles traduisent le refus d’assumer ses responsabilités. Ces personnalités se positionnent en victime et se justifient sans cesse.

Vous les reconnaissez ? Que faire ?

Pour éviter toute confusion, demandez à votre collaborateur de reformuler ce qu’il a compris de vos propos. Prenez la responsabilité de votre impact et paraphrasez votre message si besoin.

« Et si je ne devais retenir que 2 % de son discours, ce serait quoi ? ». Avec cette réflexion, vous ne risquez pas d’entrer dans le jugement et restez dans une attitude positive.

Si votre interlocuteur entend la confiance et le respect que vous lui portez, vous initiez une communication positive et abaissez sa garde.

La dérobade

Vous constatez un évitement permanent. Votre collègue se ferme à la communication par peur de l’influence d’autrui. Ce comportement toxique engendre une attitude de passivité voire de désengagement.

Pour l’extraire de cet engrenage, cherchez l’apaisement. Créez un environnement sécurisant pour qu’il se sente libre de parler directement avec ses interlocuteurs. Soyez à l’écoute de ses ressentis et émotions, aidez-le à en prendre conscience pour qu’il ose s’exprimer en fonction.Faites-lui pratiquer la relaxation, des exercices de respiration.

Il vous fuit, vous ? Interrogez-vous sur vos comportements. Peut-être le mettez-vous en insécurité. Avez-vous été dans le jugement ou méprisant même involontairement ? Recentrez-vous sur la relation que vous souhaitez développer. 

Le mépris

La plus toxique relationnellement, l’attitude méprisante et condescendante se traduit par le sarcasme, le dénigrement, le cynisme ou encore les commérages hostiles.

Se corriger commence par utiliser une communication non violente comme les méthodes DESC (décrire, exprimer, spécifier, conclure) ou OSBD dont l’idée est d’observer, écouter les sentiments pour identifier le besoin et la demande. Il faut parler au « je » et surtout respecter l’individu dans un rapport d’égal à égal.

Votre partenaire est méprisant ?

Exprimez vos ressentis, identifiez les comportements non désirés, et manifestez votre désir de résoudre la situation.

Le manager et la gestion d’une communication saine

En tant que manager, soyez le preux chevalier blanc qui part à l’assaut de ces quatre dangers pour le bien-être de votre équipe.

Traiter les toxines relationnelles dans vos équipes

Une communication maladroite érode la performance, elle affaiblit l’interlocuteur et dégrade la relation. Les paroles hostiles émanent souvent d’une simple incompréhension. Charge à vous de les dépasser de manière constructive. Pour cela, commencez par fluidifier et favoriser la réception du message.

Développez vos propres compétences émotionnelles

Devenez « maître es relation ». Si vous lisez régulièrement nos articles, vous savez l’importance que, chez Smyle, nous portons à la communication et à la relation. En améliorant vos compétences émotionnelles, vous apprenez à protéger les liens naturels malgré les inévitables conflits. Allez encore plus loin en travaillant vos soft skills. Définies par l’organisme de formation Docendi comme « compétences humaines, émotionnelles et cognitives », elles donnent aux managers de demain une longueur d’avance. Grâce à cette intelligence émotionnelle, vous évaluez plus facilement la charge toxique dans vos équipes, vous la sentez !

Favorisez la communication positive

Encouragez les modes de communication respectueux et efficaces comme les techniques DESC et OSBD. Impliquez vos équipes dans le processus relationnel. Faites-leur comprendre et prendre conscience de l’enjeu d’une bonne relation. Naturellement, vos collaborateurs s’adapteront et amélioreront leur langage et leurs capacités d’écoute.

Normalisez

Dédramatisez ! La nature humaine est ainsi faite que les relations ne coulent jamais comme un long fleuve tranquille. Désaccords, mots qui dépassent la pensée, réflexions blessantes, la toxicité fait partie intégrante du langage. Le rôle du manager réside dans sa capacité à la gérer. La nier serait contre-productif, vouloir l’éradiquer, tout simplement utopique. Mais utiliser un comportement positif, tel que l’humour, la douceur aide grandement à résoudre un différend ou faire passer un message. Bien entendu, la souplesse n’empêche pas l’assertivité, il ne s’agit pas non plus de se laisser influencer.

Souvenez-vous de la règle du cinq pour un. Cinq attitudes respectueuses et interactions positives sont nécessaires pour neutraliser une seule communication toxique et garder la relation saine et stable.

Enfin, ajoutez quelques gouttes de fatalisme et de résilience. Apprendre à vivre avec les problèmes insolubles fait aussi partie de la recette des échanges réussis. Tout réside dans le dosage.

Les antidotes mentionnés dans le premier paragraphe sont de précieux outils à votre disposition.

Éveiller le système

La toxicité n’appartient pas à la personne, mais au système. Retirez le collègue dont vous considérez la communication pernicieuse et vous constaterez qu’une autre prend sa place. Concentrez plutôt vos efforts sur le système en général. Comment ?

Commencez par identifier les comportements spécifiques. Prendre conscience de leur présence et de leur influence sont les prérequis pour les diminuer.

Expliquez aux personnes concernées en quoi leur attitude amène de l’animosité, mettez des mots pour théoriser et montrez-leur tout ce qui se cache derrière la toxine en cause. Étayez avec des exemples concrets en leur demandant de s’exprimer sur leur ressenti après une réunion par exemple. En somme, donnez-leur envie de sortir de ce fonctionnement automatique, initiez le changement et favorisez l’amélioration collaborative. Assurez-vous qu’il prend conscience des deux points de vue, émetteur et récepteur.

L’aide de l’analyse transactionnelle

Deux outils fondamentaux de l’analyse transactionnelle vous aideront à aller plus loin.

La grille des méconnaissances

Mécanisme inconscient de l’analyse transactionnelle, il nous empêche de voir la réalité telle qu’elle est, souvent par réflexe de protection. Le concept de « méconnaissance » a été révélé par Aaron et Jacqui Schiff dans les années 1970, avant d’être approfondi par Ken Mellor et Éric Schiff. Cette grille détaille les étapes indispensables pour réussir à envisager un changement personnel. Quatre niveaux composent cette table.

  1. L’acceptation de l’existence du problème ;
  2. la signification de ce problème donc la vision de ses conséquences ;
  3. l’acceptation de la possibilité d’un changement ;
  4. la capacité personnelle à agir autrement.

Cette méthode s’avère efficace quand quelqu’un ne parvient pas à se rendre compte qu’il est dans l’erreur. Le cerveau humain a besoin de suivre cette trajectoire pour remettre en cause et modifier un comportement. Si, la plupart du temps, ce cheminement s’opère naturellement et inconsciemment, certaines situations nécessitent un accompagnement.

Le triangle de Karpman

Karpman, psychologue en analyse transactionnelle, élève d’Éric Berne fondateur de cette dernière, a identifié le triangle éponyme, également appelé triangle dramatique. Il met en valeur le fait que, dans une relation toxique, malsaine et instable, l’individu se place inconsciemment selon trois profils :

  1. le sauveur ;
  2. le persécuteur ;
  3. la victime.

À noter que régulièrement le rôle change. Une même personne se pose en victime face à quelqu’un ou dans un cas précis et adopte un autre caractère dans un cadre différent. Ce comportement est situationnel, il peut même se modifier au sein d’une seule conversation.

Comprendre ce mécanisme permet de s’extirper de cette spirale infernale. Clarifier son attitude au sein d’une équipe et son influence sur les autres fait partie de l’antidote à une communication faussée. Cet outil vaut tant pour vos équipes que pour une auto-analyse.

En savoir plus sur le triangle de Karpman

Cavaliers de l’Apocalypse ou conduites néfastes, quel que soit le terme, les toxines relationnelles en entreprise parasitent le message professionnel et peuvent s’avérer dévastatrices. Une équipe nécessite une relation saine et stable pour engager ses collaborateurs et performer dans une dynamique constructive.

Je me sens chevalier blanc, je contacte Mylène pour m’aider à lutter contre les envahisseurs relationnels.

Sources :

Le triangle de Karpman

La table des méconnaissances en analyse transactionnelle

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